Lu sur le site Agora-Vox

Pourquoi je voterai pour Ségolène Royal

Les sondages s'enchainent et se ressemblent : ils placent Ségolène Royal, bonne troisième, loin derrière Francois Hollande et Martine Aubry qui restent les deux grands favoris des sondages depuis la disqualification de DSK.

Bizarrement, on semble s'attacher à l' importance de ces sondages sans en retenir les leçons. Les premiers détracteurs de Ségolène Royal arguent volontiers qu'en 2006, elle a été élue candidate du PS en surfant sur les médias et sur les bons sondages dont elle bénéficiait alors. Grande erreur dont beaucoup se sont repentis après l'échec de 2007. Mais hélas, on doit bien constater qu'il y a deux poids deux mesures : on ne semble pas appliquer ce sage raisonnement aux deux favoris des sondages aujourd'hui...Qui nous dit que ces bons sondages assureront l'adhésion suffisante des francais pour qu' Aubry ou Hollande l'emporte ? Rien si on tire la leçon de 2007...

Il y a pourtant un argument de poids, quelles que soient les préférences de chacun, que je voudrais dire à ceux qui comptent aller voter : le PS, cette fois, n'aura pas le droit de se diviser. Une défaite des socialistes en 2012 enterrerait ce parti au niveau national. Les socialistes ne sont pas fous : ils le savent bien. Ils n'ont pas le droit à la division. Cette fois, l'unité n'est pas un luxe : elle est la condition obligatoire pour gagner.Lionel Jospin, qui n'était pas venu aux universités PS de la rochelle depuis 3 ans, a d'ailleurs bien souligné qu'il apporterait son " plein soutien" à celui ou celle qui l'emporterait et que " tous avaient travaillé avec lui et avaient beaucoup de talent". L'appareil du PS sera cette fois obligé de s'incliner devant le choix des français s'il ne veut pas voir son parti imploser.

Alors, à partir de là, et plus encore qu'en 2007 puisque cette primaire est en plus ouverte à tous les francais qui souhaitent venir voter, il n'y pas de frilosité à ressentir. Au contraire. Plus que jamais, la liberté de choix est entière et peut représenter l'occasion, vraiment, de changer la donne en France.

Le meilleur choix pour moi est sans conteste celui de Ségolène Royal parce qu'elle est la plus volontariste et la plus ambitieuse pour la France. Dommage que la société, fidèle à son consumérisme, brûle ce qu'elle a encensé la veille. Ségolène Royal est aujourd'hui bien plus prête qu'en 2007, elle a travaillé, testé ses idées sur le terrain, pris une épaisseur politique dans ses discours...Et c'est maintenant qu' on ne l'entend plus...

Si Aubry ou Hollande ne se distinguent pas vraiment et semblent accaparés par des enjeux d'appareil et de rassemblement de leurs troupes, Royal, elle, continue à affiner ses choix en fonction de ce que ressentent les français.Quelques exemples.Alors que ses petits camarades tombent à bras raccourcis dans le piège de sarkozy en prônant cette rigueur très à la mode que nombre d'économistes disent pourtant dangereuse quand la croissance est molle, Royal, elle, se refuse d'entrer dans cette course à l'image. La rigueur, ca fait si sérieux, si responsable, n'est- ce pas ? Elle remarque sagement qu'augmenter les impôts des Francais et les étrangler un peu plus ne fera pas revenir la croissance. Et elle a du nez... Car dire aux francais qui croulent déjà sous la baisse de leur pouvoir d'achat, du prix de l'essence, du coût de l'énergie, des loyers, etc...que l'on va augmenter leurs impôts, c'est, à coup sûr, les détourner des socialistes. Royal mise sur la relance économique en voulant faire de la France " un pays d'entrepreneurs" : elle a imposé que le programme socialiste crée une banque publique d'investissement pour aider les PME - 80% de nos entreprises- à se développer et à innover. Elle souhaite même baisser leurs charges si possible - 33%- et en tout cas relever celles des entreprises du Cac 40 qui ne paient éhontément que 8% d'impôts. En parallèle, car ce sont des crédits pour se développer dont manquent les entreprises, la première réforme qu'elle compte effectuer, si elle est élue, est la réforme bancaire.Dès la crise de 2008, quand l'état a renfloué les banques à coups de milliards, Ségolène Royal a été la seule des socialistes à exiger que l'état profite de cette occasion pour rentrer au conseil d'administration des banques et imposer des règles. Elle le martèle depuis quelques années maintenant : elle veut imposer aux banques leur devoir premier : celui de financer l'économie réelle. Et que soit interdite la spéculation des établissements financiers sur la dette Francaise...Toujours dans cette dynamique de relancer l'économie sans augmenter l'impôt, Royal, et voilà une idée que je trouve des plus interessantes, veut faire de la France la première puissance écologique d' Europe. Elle regrette même que la France n'en ait pas pris le virage dès les années 90. Voilà, soyons honnêtes, une ambition bien plus motivante que la simple gestion pragmatique et sans vrai projet de ces deux autres camarades.La plus écolo - à n'en pas douter- des socialistes, qui, en bonne première de la classe a voulu montrer ce dont elle était capable, a fait de sa région la première région écologique d' Europe. Ségolène Royal le souligne et elle a raison : avec la qualité de nos brevets français et de nos laboratoires de recherche, il y a un gachis de potentiel très blamâble sur le plan économique. L'écologie, c'est aussi une possibilité formidable de réindustrialiser la France et de préparer l'après-pétrole. Les sources d'emploi sont nombreuses : transports, BTP, logements, industrie automobile...

Pas de hausse d'impôts donc pour les classes moyennes mais une suppressions des niches fiscales qui avantagent ceux qui pourraient payer plus et une relance, ambitieuse, volontariste de l'économie.

 Deuxième exemple qui, à mon sens, montre qu'elle est parfaitement en phase avec les Français. C'est la création d'emplois d'avenir, nouveau nom pour le retour des emplois jeunes ! Quelle erreur magistrale ! La cécité est-elle si grande chez les socialistes ? Les jeunes ne veulent pas d'emplois précaires financés par l'état mais être autonomes et véritablement intégrés dans l'entreprise. Cela aussi, Royal l'a bien compris et dans les aides et le soutien qu'elle promet aux PME, elle exigera en contrepartie que les entreprises jouent le jeu en prenant les jeunes en alternance ou en formation.

Autre exemple : le blocage du prix de l'essence et des produits de première nécessité. On s'est beaucoup gaussé sur cette proposition. Il faut pourtant faire preuve d'un certain mépris envers les classes populaires ou même moyennes. Jamais les associations caritatives, d'entraide, n'ont vu autant de gens défiler et vu de situations d'urgence comme aujourd'hui. En pleine régression sociale, les francais attendent des actes. Concrêts. Qui ait une visibilité, une utilité, directe, dans leur quotidien. Imposer aux grandes surfaces le blocage de prix de 50 produits de première nécessité, qui s'en plaindrait ? certainement pas les chômeurs, les précaires, les petits et même les moyens salaires qui ne parviennent plus à boucler leurs fins de mois. Voilà des années que l'on s'indigne des marges insolentes que se prennent les grandes surfaces, du monopole qu'elle exerce sans répercuter leurs prix. Mais personne ne s'y attaque. Royal ose, elle. Tout comme elle maintient qu'elle bloquera le prix de l'énergie. Qui ici oserait dire qu'il est normal que l' EDF, le gaz, que chaque francais est obligé de payer, s'élèvent aujourd'hui à des tarifs complètement irréels en comparaison des salaires des gens ? L'état est capable d'imposer des règles. Des règles de base que nous avons perdues dans cette dérégulation sans réflexion.

Les primaires sont l'occasion de porter un candidat, peut-être avec des millions de voix. C'est une chance véritable et le choix est d'importance car face à Nicolas Sarkozy, et compte tenu de la désillusion des francais, si l'opposition ne choisit pas un candidat qui incarne une espérance et un mouvement, si l'on choisit, oui, un candidat couleur de muraille ou qui représente trop le système, il y a tout à parier que Marine le pen sera au second tour...

 J'incite donc vraiment les sympathisants de gauche, au delà de ma flamme déclarée à Ségolène Royal, à écouter les propositions et les projets pour ce qu'ils sont, intrinsèquement, et pas simplement qui les porte...

Pour information, je n'avais pas voté pour Ségolène Royal au premier tour de la présidentielle de 2007.

Et pour ceux qui doutent, regardez au moins le discours que Royal a prononcé à la rochelle.

Qui, chez les socialistes, a une telle énergie ? De toute évidence aucun autre !