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Blog du groupe "Désirs d'Avenir" de Marseillan (Hérault)
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7 avril 2012

Discours de Ségolène Royal à Rennes le 4 avril 2012

"Chers amis, à dix-huit jours du premier tour de l’élection présidentielle, le moment est venu de lancer un vibrant appel à tous ceux qui veulent s’abstenir ou qui hésitent à venir voter, alors que le changement a besoin de tout le peuple de France, peuple libre, peuple fier, peuple rebelle et qui mérite un nouveau destin. Oui, un nouveau destin pour stopper la voracité financière sans limites qui veut imposer sa loi, pour arrêter une mauvaise gouvernance qui aggrave les injustices. Pour tout cela et pour bien d’autres raisons, nous devons réussir le changement à Gauche pour tous ceux qui l’attendent.

Et la France qui veut le changement nous appelle. Et nous lui répondons, courageux, déterminés, imaginatifs, audacieux et joyeux, avec celui qui porte nos couleurs, notre candidat François Hollande et dont nous devons assurer la victoire.

Alors, on nous dit que l’abstention deviendrait le premier parti de France, que les Français se détourneraient des urnes, se sentant de moins en moins concernés. Mais vous qui êtes là, si nombreux, à Rennes, venus de toute la Bretagne et d’au-delà, vous qui vous mettez en mouvement, vous qui vous représentez une force citoyenne, alors, allez chercher les autres, tous les autres : ceux qui se sentent écrasés, étouffés, résignés, indignés, découragés, pour leur dire que si la France est en recul c’est parce que le peuple a été écarté de tout. Et que si la France repart en avant, c’est parce qu’avec la Gauche, le peuple sera au cœur de tout et en avant de tout !

Dites à celles et ceux qui se détournent des urnes, même si leurs raisons doivent être écoutées et prises en compte, de ne jamais oublier qu’à travers le monde, des hommes et des femmes risquent leur vie pour pouvoir voter. Et comment ne pas, à titre d’exemple, au moment où nous sommes rassemblés, comment ne pas saluer ici la victoire en Birmanie de la combattante Ann Sann Suu Kyi ? Oui, Ann Sann Suu Kyi, celle qui n’a jamais rien lâché face à la junte militaire au pouvoir et qui en a payé le prix fort, quinze ans de réclusion et d’isolement forcé. Elle nous a rappelé avant-hier que rien n’aurait été possible sans la fidélité populaire. Elle a annoncé une ère nouvelle dans laquelle le rôle du peuple sera renforcé, la démocratie approfondie et la pauvreté en recul.

Alors nous qui avons la chance de vivre en démocratie, prenons exemple sur les combats de ceux – et ils sont de plus en plus nombreux à se lever à l’échelle de la planète –, prenons exemple sur les combats de ceux qui veulent accéder à cette démocratie et allons voter. Allons voter parce que même si nous sommes en démocratie, nous avons besoin, tellement besoin de plus de liberté, de plus d’égalité, de plus de fraternité, où chacun demande à être considéré d’abord comme un être humain. C’est pourquoi personne — personne, je dis bien personne ! — ne doit laisser à d’autres sa place d’électeur. Et j’en appelle à la mobilisation citoyenne !

Car le moment du vote c’est un moment exceptionnel, c’est un moment où la voix d’une caissière vaut celle d’un patron du CAC 40. C’est le moment où la voix d’un ouvrier vaut autant que celle de celui qui sans vergogne l’a livré à un licenciement boursier. Alors, aux urnes citoyens !

Aux urnes et cela dans tout le pays car c’est une forme d’épuisement démocratique qui explique tant de difficultés, tant de malheur, tant de précarité, tant d’injustice. C’est toute une gouvernance qui est malade d’être confisquée par quelques-uns liés au pouvoir financier, qui pensent, ici et dans le monde, que tout se vend et que tout s’achète, y compris la force de travail de millions d’hommes et de femmes dont ils se servent avant de les jeter comme des objets. Pire même que des objets. J’ai vu dans les usines qui ferment, à l’aciérie de Gandrange, les machines mieux traitées que les ouvriers. Parce que les machines, au moins, on les répare pour pouvoir les revendre ! Mais les ouvriers, on ne s’en occupe plus lorsqu’ils sont licenciés ou lorsqu’ils sont liquidés. Eh bien, levons-nous pour dire non à ce système ravageur, destructeur, qui rejette les valeurs humaines derrières les valeurs financières. Et au fond, notre choix c’est de refuser la peur de la crise. C’est de considérer que prise à bras-le-corps, la crise est une chance, une opportunité pour changer les règles du jeu, alors que d’autres voudraient faire peur avec la crise, pour continuer à diviser, pour régner. Voilà la vérité. Un autre modèle est possible. Un nouveau chemin existe et nous allons le prendre ensemble, emmenés par celui qui aujourd’hui porte le projet présidentiel et sera je n’en doute pas, François, notre prochain président.

Et c’est pourquoi je dis, du fond du cœur, aux 17 millions d’électeurs qui en 2007 voulaient la Gauche à la présidentielle et qui m’ont fait l’immense bonheur de choisir un bulletin à mon nom, je leur dis, revenez aux urnes le 6 mai prochain, car vu ce qui s'est passé depuis cinq ans, votre choix d’alors, votre volonté de 2007 a toutes les raisons de s’être renforcée.

Et à tous les autres, tous les déçus de la Droite, tous les cruellement déçus de la Droite, de ces dix années de Droite, tous ceux aussi qui se sentent trahis de ces cinq dernières années, ne restez pas chez vous, venez prendre part à notre force citoyenne, celle dont la France a besoin pour lever une espérance et la réaliser.

Oui, rassemblons-nous de plus en plus nombreux pour prendre notre part à l’œuvre commune d’un nouvel avenir. On sait bien, certes, que quand la précarité touche plus de 15 millions de citoyens qui bouclent leur fin de mois à dix ou vingt euros près, que deux millions de familles sont en situation de surendettement – et il faudra réformer les tarifications bancaires – qu’un million et demi de femmes se démènent pour élever leur famille, certes on se dit que l’avenir semble tellement bouché pour soi ou pour ses enfants qu’on ne se croit pas capable ou pas utile pour participer au relèvement de notre pays. Eh bien si, nous, nous disons ici que vous en êtes capables, toutes celles et ceux qui se sentent si loin des enjeux nationaux. Nous seulement vous en êtes capables mais vous êtes indispensables. Et l’avenir ne se fera pas sans vous.

Indispensables bien sûr pour gagner, bien sûr. Mais indispensables surtout pour transformer car vous serez respectés et associés à la conduite du changement. Et vous avez au fond de vous cette énergie, cette intelligence, aujourd’hui bridées, souvent méprisées, toujours entravées. Et demain, en libérant toutes ces énergies, toutes ces libertés, d’agir et d’avancer, nous remettrons notre pays en mouvement.

Et le paradoxe, c’est que ce sont celles et ceux les plus tentés par l’abstention qui ont le plus souffert des politiques de la Droite et qui ont le plus à attendre du changement à Gauche. Les quartiers populaires, nous dit-on, les femmes, les jeunes, les classes moyennes. Les quartiers populaires ? Oui ils sont venus voter massivement en 2007. Oui, on le sait, le repli sur soi gagne du terrain dans ces quartiers. Et je voudrais leur dire à nouveau et sans rien lâcher, en notre nom à tous, que pour nous, les banlieues ne sont pas un problème mais une partie essentielle de la solution. Oui, une partie essentielle de la solution. Et c’est l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique qui va repérer nos talents dans les banlieues pour les emmener en stage aux Etats-Unis et nous, nous ne serions pas capables de repérer tous ces talents ? Mais si, il y a du talent, de l’énergie, de l’envie d’avancer, une force de travail et de créativité, des jeunes qui en veulent, des parents qui luttent pour l’éducation de leurs enfants, des mères seules qui s’acharnent à tenir leur famille debout. Eh bien, nous relèverons ce défi, qui fera que tous ceux qui se sentent en marge, les périphéries urbaines ou le rural profond, tous ceux qui souffrent pareillement des reculs du service public, oui nous ferons en sorte que tous ceux-là puissent prendre part à l’œuvre commune, à égalité de droits et de devoirs et à égalité d’accès au service public.

Et je pense bien sûr à la France métissée qui a toute sa place dans la République, toute sa place, à égalité de droits et de devoirs. Toute sa place les 22 avril et le 6 mai prochain ! Oui France métissée, tu fais partie de la République, contrairement à ce que tu entends depuis maintenant cinq ans. Voilà la vérité et voilà comment cette France prendra part à notre relèvement commun.

Les jeunes ? On nous dit aussi qu’ils se détourneraient des urnes, lassés par tant de difficultés à entrer dans la vie. Certains leur avaient promis la récompense de leurs efforts. Ils voudraient juste, les jeunes, avoir le droit de faire leurs preuves. Mais ils trouvent davantage de portes fermées que de mains tendues. Avec le changement, ce sera le contraire, les portes s’ouvriront, avec la priorité à l’éducation, à la formation, à l’apprentissage, au service civique.

La Droite répète à l’envi que la priorité à l’éducation portée par notre candidat coûte trop cher. Mais essayez donc l’ignorance, la désespérance, le chômage qui conduit à la marginalité et parfois la délinquance et faites le calcul, et vous verrez que ça coûte bien plus cher. Certes l’éducation a un coût, mais l’éducation ça n’a pas de prix. Voilà notre vérité.

Les femmes ? Les femmes frappées par la crise, les femmes plus durement frappées par la précarité, par les bas salaires. Dès que la crise économique est là, ce sont les femmes qui supportent cette crise, cet abaissement des salaires et ces temps partiels forcés, avec des conditions de travail souvent très contraignantes. Beaucoup reste à faire. C’est un chantier considérable et je pense aussi aux femmes retraitées avec des retraites de misère. Et bien sachons que le rétablissement du droit à la retraite à 65 ans et à 60 ans pour celles et ceux qui ont cotisé, sachons que cette réforme va prioritairement bénéficier aux femmes car ce sont elles qui ont été frappées, scandaleusement, par l’allongement de la durée de cotisation, elles qui se sont arrêtées pour élever leurs enfants, elles qui ont subi des durées de travail contraint, elles qui ont été licenciées en premier, elles qui n’ont pas souvent le choix du temps partiel. Et comme le disait Flora Tristan, « il y a toujours plus prolétaire que le prolétaire, c’est la femme du prolétaire ». Et pour la Gauche voilà un combat de toujours !

Les entrepreneurs ? On nous dit aussi qu’ils ne viendraient pas voter. Et pourtant, dans le projet de notre candidat, il y a au cœur de ce projet, la priorité donnée à la relance de l’activité économique. Non seulement par la création de la banque publique d’aide aux petites et moyennes entreprises, mais également par le choix qui est fait de l’excellence environnementale. Et la croissance verte sera un des leviers majeurs pour la nouvelle politique industrielle, pour la mutation écologique, un levier très important pour la création d’activité et d’emplois dans tous les domaines de l’activité économique et industrielle de notre pays : transport, logement, alimentation, énergie renouvelable, chimie verte, voitures électriques, photovoltaïques, biocarburants, agriculture biologique, circuits courts, ressources maritimes, lutte contre le réchauffement climatique, accès à l’eau potable.

Oui, nous sommes non seulement des citoyens sensibilisés et engagés ici, dans la révolution écologique. Mais nous sommes citoyens du monde, et c’est pour cela aussi que nous défendons ces valeurs. Parce que nous savons que nous partageons la même planète et que si les pays industrialisés, si les pays les plus riches continuent ce système de croissance et de développement qui conduit au réchauffement planétaire, alors les pays pauvres seront encore plus pauvres, alors les migrations de la misère seront encore plus terribles, et alors l’accès à l’eau potable deviendra la principale source de guerre. Et cela, les Socialistes, nous ne l’acceptons pas ! Voilà le défi que nous aurons aussi à relever !

Je pourrais prendre bien d’autres sujets de réforme et de combat, mais vous l’avez compris, l’essentiel de ce qui fait l’engagement de ma vie politique depuis des années se retrouve dans le projet que nous portons tous ensemble aujourd’hui. Plus que jamais, nous devons porter la voix des sans-voix. Eh bien, le moment est venu de les faire entendre, de donner de la visibilité à tous les invisibles. C’est pourquoi je suis heureuse d’être ici ce soir, heureuse et fière de m’adresser à vous, mes amis. Il est temps de reprendre en main le pays que nous aimons !

Quand on me dit, on me l’a encore demandé tout à l’heure, « mais comment faites-vous pour faire campagne ? », je dis d’abord que la cause que les Socialistes défendent est celle de l’émancipation humaine, et que cette cause est plus grande que nous. Je dis ensuite que nous sommes au service de cette cause et non l’inverse. Je dis enfin que c’est une façon noble, aussi, de faire l’Histoire que d’aider en oubliant ses ambitions, oui, d’aider celui qui est en situation de l’emporter. Et puis, je n’ai pas passé plus de trente ans de ma vie politique à agir pour des solutions justes et efficaces pour voir encore la Droite se maintenir au pouvoir et faire reculer les valeurs républicaines ! Et vous, vous n’avez pas enduré dix ans de Droite pour souffrir encore de dirigeants qui ne sont manifestement pas à la hauteur de la tâche !

Alors oui, nous avons besoin d’un président qui va avoir le souci de construire la confiance, le bien-être, le rassemblement, l’Europe des peuples. Nous avons besoin d’un président qui va restaurer la position de la France dans le monde et retirer nos troupes d’Afghanistan. Nous avons besoin d’un président qui va s’atteler aux problèmes de la vie quotidienne : logement, santé, travail, pouvoir d’achat, écologie, sécurité. Car on sait qu’il ne peut y avoir d’ordre et de sécurité là où règne l’injustice.

François est notre candidat ! Nous n’avons pas un instant à perdre, et toutes les voix comptent dès le premier tour ! Car c’est lui, le seul, qui peut l’emporter à Gauche !

Je suis particulièrement heureuse de délivrer ce message et ce symbole d’unité sur ce magnifique sol breton, pays de terre et d’eau, là où la mer rejoint le ciel. Car c’est quand elle est unie que la Gauche gagne ! C’est comme cela que la France dans ce qu’elle a de meilleur, gagne aussi.

Vive la République, vive la démocratie !"

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